Florence impose 70% de produits locaux à ses restaurants

Florence impose 70% de produits locaux à ses restaurants

On ne présente plus Florence, la capitale de la Toscane, berceau de la Renaissance, musée à ciel ouvertinscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982. On comprend aisément que plusieurs millions de touristes du monde entier viennent chaque année visiter son patrimoine culturel et architectural exceptionnel.

Dario Nardella, maire de Florence, a donc pris un arrêté début mai afin de préserver ce patrimoine : imposer aux nouveaux restaurants et aux commerces d’utiliser 70% de produits locaux et de proposer en priorité des aliments traditionnels (chianti, pecorino, haricots blancs à la Toscane ou encore soupe toscane à l’épeautre). Cette décision radicale est rétroactive pour tous les commerces du centre ancien qui devront s’y conformer dans les trois ans à venir. Jusque là, ça va. Comment ne pas être d’accord avec une initiative qui permet de faire travailler les producteurs locaux et de privilégier la qualité des produits. Seulement voilà, le premier édile de la ville ne s’est pas arrêté là, il a indiqué que seuls les restaurants et cafés « traditionnels » trouvaient grâce à ses yeux. Les restaurants chinois, kebaks, fast-food et autres restaurants venus d’ailleurs n’ont plus leur place. Là, je suis perplexe !

Produits locaux et spécialités locales ne sont pas toujours synonymes de qualité et de cuisine exceptionnelle. Je m’explique, vous pouvez travailler avec des producteurs et des éleveurs locaux qui font de la production industrielle ou semi-industrielle, avec l’utilisation de beaucoup de pesticides et de produits chimiques. Si, en plus, ils ne respectent pas les saisons, vous allez vous retrouver avec des tomates sans goût, des asperges en boîte… De plus, est-ce que « produits locaux » veut dire « produits frais » dans la nouvelle réglementation parce que, si c’est pour ouvrir des boîtes et des sachets, cela n’a aucun intérêt.

Il faudrait plutôt que la municipalité mette en place une charte de qualité et un cahier des charges strict avec une sélection d’adresses irréprochables. En général, quand on impose des règles, on donne les moyens aux personnes concernées de les mettre en oeuvre. Il me semblerait donc logique que ce soit la ville qui négocie les tarifs, un certain niveau de qualité… sinon ce serait un coup d’épée dans l’eau. Il y a quelques années, j’ai fait un séjour à Florence et j’ai été très déçue par la nourriture qui était pourtant typiquement italienne (pizza, pastas, antipasti…), c’était très cher et pas bon. Nous avons vraiment eu l’impression d’être pris pour des gogos. Bien sûr qu’il y avait de bons restaurants mais ils étaient inabordables !

Ensuite, le fait de privilégier la cuisine locale, c’est bien beau mais ça risque de devenir un peu monotone. J’imagine si nous avions la même chose dans le centre ancien de nos villes provençales, comme Aix-en-Provence, Avignon, Salon-de-Provence…, la bouillabaisse ou la tapenade, à forte dose, nous donneraient vite des boutons. Si je prends l’exemple des Saintes-Maries-de-la-Mer où je suis allée récemment, il y a pléthore de restaurants « typiques » : seulement quelques-uns sont intéressants, tous les autres sont des « attrape-couillons ». Ne parlons pas de Carcassonne où il n’y a pratiquement que des restaurants « traditionnels » et où j’ai mangé le plus mauvais cassoulet au porc confit de ma vie. Que dire de certains coins de France où l’on ne mangerait que des betteraves ou des pommes de terre ?

Enfin, du point de vue philosophique, je trouve qu’imposer une seule culture est dommageable pour cette même culture. Rencontrer les autres cultures fait grandir les individus. Personnellement, j’aurais du mal à m’imaginer manger provençal tous les jours (même si j’aime beaucoup ma chère Provence), j’adore déguster les spécialités vietnamiennes, thaï, japonaises, marocaines, mexicaines indiennes, libanaises… Quelle tristesse de manger toujours la même chose ! Du coup, même la cuisine française deviendrait « exotique » dans cette l’optique du maire de Florence. Par contre, je ne suis pas contre inciter les restaurants « ethniques » à se fournir en majorité auprès des producteurs locaux, une carotte et un oignon sont les mêmes partout sur terre. Ce qui change, ce sont les épices ou certains produits exotiques par exemple.

Donc, pour moi, la décision du Maire de Florence est une fausse bonne idée. Et vous, vous en pensez quoi ?

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